Le 9 février 1978, Carmen Conde devient la première femme élue à l’Académie royale espagnole, l’équivalent de l’Académie française. En obtenant le siège K, l’écrivaine venait de mettre fin à 265 années de domination masculine. Sans le savoir, elle ouvrait aussi le chemin à d’autres voix féminines.

Dans un article édité le 2 septembre 2019, le site El Confidencial, dans un hommage rendu à Carmen Conde, retranscrivait le discours prononcé par celle-ci lors de son intronisation. Et notamment ce passage, sous forme de constat implacable : « Votre noble décision met fin à une discrimination littéraire injuste et ancienne ».  

Carmen Conde, une femme de son siècle

Une nomination certes tardive, compte tenu de l’ancienneté de l’institution. Mais une nomination qui correspondait néanmoins, à une véritable renaissance pour l’Espagne, trois ans après la mort de Franco. Pour Carmen Conde, cela s’apparentait plutôt à une consécration. Plus de 70 ans après sa naissance (en 1907 à Carthagène) et alors qu’elle allait vivre encore (jusqu’en 1996) avec son siècle.

Il faut dire que, comme Clara Campoamor, autre grande figure du 20ème siècle, elle a d’abord emprunté d’autres voies avant de se consacrer à la littérature. Pourtant, tout l’y prédestinait. Il y eut d’abord ses contes. Puis ses articles, publiés dans plusieurs journaux alors qu’elle n’avait que 15 ans. Il y eut ensuite ce rôle d’institutrice, exercé à Murcie, qui prolongeait son travail d’écriture par le biais de son apprentissage auprès des plus jeunes.

Il y eut enfin, la création de l’université populaire de Carthagène dans les années 30, aux côtés de son époux, le poète Antonio Oliver. Deux auteurs réunis, comme un résumé de la génération de 27 : ce groupe de poètes espagnols auquel elle appartenait aux côtés, entre autres, de Federico García Lorca et Rafael Alberti. Un destin de femme, dans les années de l’entre-deux guerres en Espagne, qui en rappelle d’autres.

Un Prix national de littérature en 1967

Carmen Conde, bien avant son entrée à l’Académie royale espagnole, connait alors un autre moment de gloire en 1967. Cette année-là, elle se voit décerner le prix national de littérature pour Obra poética.

20 ans plus tard, elle est récompensée par le prix de littérature jeunesse. Deux remises qui se situent avant et après son acceptation au sein de l’Académie.

Au total, l’Académie Royale Espagnole a accueilli à ce jour 11 femmes. Dont la dernière, Paz Battaner, en 2017. Mais celle qui a montré la voie est bien Carmen Conde. 25 ans après sa disparition, son empreinte demeure intacte.

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